Dre Sueli Carneiro : “Le racisme produit une fausse conscience de supériorité “

Foto: Marcus Steinmayer

La société brésilienne doit abandonner l’hypocrisie, assumer qu’elle est exrêmement raciste

Par Maria Cláudia Santos, VoaNewsVOA –

La société brésilienne doit abandonner l’hypocrisie, assumer qu’elle est extrêmement raciste et, partant de cette reconnaissance, prendre le problème à bras le corps. Telle est l’opinion de la Docteure et Philosophe, Sueli Carneiro, qui vient de lancer le livre Racismo, Sexismo e ades no Brasil.

En entrevue avec VOA, la fondatrice de Geledés Institut de la Femme Noire affirme que la société brésilienne cache derrière un discours de métissage une réalité de discrimination et d’exclusion des noirs. Selon l’écrivaine, ce comportement historique a eu pour conséquence le fait que les afrobrésiliens ont les pires indices de qualité de vie comparés aux afrodescendants des pays ayant connu des histoires semblables à celles du Brésil.

L’auteure explique que la discrimination et l’intolérance au Brésil résultent d’une posture de négation historique. “La société brésilienne a toujours préféré imaginer que nous n’avions pas ces problèmes. Cela ne fait que les aggraver dans la mesue où elle crée un bouillon de culture de l’impunité par rapport aux pratiques criminelles du racisme, de la violence faites aux femmes et l’homophobie“, affirme-t-elle.

Selon Sueli, à d’autres endroits du monde, arrêter de nier le racisme a constitué le premier pas pour le combattre. “Dans toutes les sociétés qui ont réussi à affronter ce problème de manière directe, beaucoup de choses ont pu être surmontées et dans le sens de l’inclusion de groupes historiquement discriminés. Au Brésil, on nie systématiquememt un problème visible à l’oeil nu, comme si la pure négation pouvait le résoudre et elle ne le résoud pas, elle l’aggrave.

“Elle estime que le racisme est une des formes de préjugés les plus forts au Brésil. “Une des plus graves et surtout c’est lui qui cause les plus forts dommages pour tous ceux qui sont impliqués. Le racisme rabaisse l’humanité de tous, de celui qui le pratique et de celui qui en est la victime. Il produit une fausse conscience de supériorité chez certaines personnes par rapport à d’autres êtres humains.

L’écrivaine critique ceux qui pensent que le Brésil, à cause du processus d’esclavisation, continue de vivre une période d’évolution quant à la reconnaissance des noirs au sein de la société. “Ce type de pensée c’est de la tolérance de nos misères. C’est croire que plus d’un siècle c’est un temps insuffisant pour promouvoir la véritable inclusion sociale des noirs et pour promouvoir une véritable démocratie sociale.Cela revient à être tolétant de notre misère culturelle, c’est être anti-éthique même dans la perception du phénomène social brésilien,”souligne l’écrivaine.

La docteure et philosophe, qui étudie le racisme au Brésil, rappelle aussi que le problème du pays touche tous les domaines de la société. “Il y a des pratiques de discrimination raciale présentes au quotidien sur le marché du travail, dans manière dont les noirs sont traités par les organes de représsion comme des suspects à priori ,”rappele-t-elle. “Il ya un bouillon de culture qui criminalise, tout le temps, l’existence des noirs. Ils sont toujours exposés à la soufrance d’une violence physique, psychologique ou morale à cause de sa couleur et sure ne punit pas,” précise-t-elle.

Pour l’auteure, la façon “lâche, subtile, mensongère et hypocrite” d’affronter le racisme au Brésil paralyse toute possibilité d’avancer dans des politiques d’intégration de la communauté noire et produit les pires indicateurs que les noirs ont par rapport à d’autres pays ayant ces mêmes caractéristiques multiraciales, comme les États-Unis et l’Afrique du Sud.

Comparée aux autres pays, selon l’auteue, la situation du Brésil est l’une des pires pour les afrodescendants. “Toutes les données connues sur la réalité des afrodescendants et les africains dans les pays où a existé la ségrégation légale ou apartheid, les indicateurs sont meilleurs que ceux des afrobésiliens. L’Afrique du Sud a un taux de scolarité chez les noirs supérieurs à ceux des noirs brésiliens.

Carneiro cite aussi l’exemple des États-Unis où les noirs ont bénéficié de politiques d’inclusion sociale et de combat des pratiques discriminatoires qui ont permis que cette population présente aujourd’hui des taux d’éducant supérieurs à ceux des noirs au Brésil.

Sueli Carneiro prévient que la société brésilienne doit décider si elle va poursuivre sa politique qu’elle qualifie d’ “hypocrite” consistant à s’imaginer que le problème n’existe pas ou si elle va reconnaitre le problème et agir en accord avec les besoins qu’elle présente. “Cela signifie soutenir des politiques d’action affirmative conçues, implémenter ces politiques et inviter le judiciaire à s’efforcer de faire valoir les lois et à punir les pratiques de discrimination si courantes dans notre société,” conclue Carneiro.

Source: VoaNews

Traduit du Portugais par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com/

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