Au Brésil, le virus Zika relance le débat sur l’avortement

Il y a plusieurs semaines, un infectiologue de São Paulo diagnostiquait sur une de ses patientes, enceinte de quelques semaines, la présence du virus Zika. Elle savait qu’il était associé depuis peu à la multiplication des cas de microcéphalies au Brésil, une malformation très rare du cerveau.

Do La Croix

« On ne sait pas quelles sont les chances que son bébé soit atteint de microcéphalie, avoue le médecin. Comme la malformation ne peut être diagnostiquée qu’au bout du troisième trimestre de grossesse, elle a préféré avorter. »

« Être enceinte en ce moment, ce n’est pas une bonne nouvelle »

Illégal au Brésil, sauf en cas de viol, danger pour la mère et depuis 2012, d’anencéphalie (absence de cerveau), l’avortement a dû être réalisé clandestinement. « Être enceinte en ce moment, ce n’est pas une bonne nouvelle », résume Fatima Oliveira, médecin, féministe et membre du Réseau de santé des femmes latines-américaines et des Caraïbes.

Depuis le début de 2015, année où a été déclarée l’épidémie de Zika au Brésil, près de 400 cas de microcéphalies ont été confirmés, et 3 670 cas suspects sont en cours d’examen. La plupart ont été découverts dans le Nord-est brésilien, une des régions les plus pauvres du pays. Au Brésil, la microcéphalie ne touche en moyenne que 147 nourrissons par an.

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Alors que les autorités en Amérique latine se sont limitées – très timidement au Brésil –, à conseiller aux femmes de retarder une éventuelle grossesse, le haut-commissaire aux Droits de l’homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein a appelé les pays touchés à laisser aux femmes le libre accès à l’avortement et à la contraception. Une recommandation jugée brutale pour la très catholique Amérique du sud, qui a choqué dans les milieux religieux.

Le gouvernement préfère éviter la polémique

Au Brésil, l’évêque João Carlos Petrini, responsable de la pastorale familiale à la CNBB, la Conférence nationale des évêques brésiliens, est consterné : « On préfère tuer des enfants que le moustique », déplore-t-il. Il dénonce« l’incompétence » des autorités brésiliennes face au moustique transmetteur du Zika – mais aussi de la dengue et du chikungunya –, qui sévit au Brésil depuis les années 1980.

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Sur les blogs religieux, certains dénoncent un certain eugénisme, d’autres l’opportunisme des grandes organisations mondiales qui se saisissent du prétexte Zika pour « parvenir à leurs fins ». Du côté des autorités brésiliennes, le ministre de la santé s’est contenté de rappeler la loi. Selon la presse, le gouvernement préfère éviter la polémique, alors que la présidente Dilma Rousseff fait face à une crise politique et économique sans précédent.

Pourtant le débat est lancé. Un groupe d’activistes et de scientifiques rédige un recours qu’ils enverront au Tribunal suprême fédéral pour demander la légalisation de l’avortement pour les femmes « atteintes du Zika » – ce qui permettrait d’intervenir dès le début de la grossesse, plutôt que d’attendre le diagnostic de la microcéphalie, qui n’intervient pas avant le sixième mois.

Un million d’avortements seraient réalisés chaque année au Brésil, la plupart illégalement

« L’avortement est déjà une réalité, assure Fatima Oliveira. Qui veut avorter, avorte, il suffit de payer. » Il faut verser entre 5 000 et 10 000 réais, (1 100 à 2 200 €), dans des cliniques clandestines. Ces opérations ne sont accessibles qu’aux plus riches, dans un pays où le salaire minimum atteint à peine 200 € par mois.

Pour les autres, il y a le Cynotec, un anti-ulcéreux aux propriétés abortives, interdit à la vente au Brésil mais qui s’échange au marché noir pour l’équivalent de quelques centaines d’euros.

Au total, un million d’avortements seraient réalisés chaque année au Brésil, la plupart illégalement : selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une femme meurt tous les deux jours d’un avortement qui tourne mal. Avec le Zika, les associations féministes craignent que les femmes aient recours de plus en plus à l’avortement clandestin.

« Ce sont les plus pauvres qui supporteront le poids des enfants microcéphales »

« Et ce sont les plus pauvres, qui n’ont pas les moyens d’avorter, qui supporteront le poids des enfants microcéphales, ajoute Fatima Oliveira. Elles devront probablement quitter leur travail, auront du mal à trouver des centres de soins spécialisés, surtout dans les lieux reculés. Comment le Brésil réussira-t-il à s’organiser ? »

Face aux interrogations, la hiérarchie de l’Église catholique reste inflexible.« Les mères doivent voir la microcéphalie comme une mission », a répondu Mgr Odilo Scherer, évêque de Sao Paulo, lors d’une interview à la BBC Brésil.

► Recife, « capitale du Zika »

C’est dans le Nordeste que les premiers cas de Zika ont été repérés en avril 2015. Depuis, la région, une des plus pauvres du pays, est l’épicentre de l’épidémie, et Recife, dans l’État du Pernambouc, a même été rebaptisée « la capitale du Zika ».

Entre le 1er août et le 30 janvier 2016, près de 1 500 cas suspects de microcéphalies ont été signalés dans ce petit État et 153 cas confirmés. Le gouvernement du Pernambouc a débloqué en décembre une enveloppe de 5,5 millions d’euros pour venir en aide aux familles avec un enfant microcéphale. Un centre spécialisé en microcéphalie a été installé à Récife.

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